Rencontre avec Louis Gangolphe, thésard en chimie biomédicale à Grenoble et à Montpellier

Son sujet de thèse en chimie biomédicale porte sur la conception de biomatériaux architecturés pour la régénération tissulaire.

Mon parcours de formation

Après mon baccalauréat, mon attrait pour la chimie se confirmant, j’ai intégré les classes préparatoires associées de CPE Lyon. Ce parcours me permettait de rejoindre une école qui bénéficiait d’un rayonnement fort et établi dans le domaine de la chimie, sans passer par la voie des concours. Après deux années passées à Saint-Just (site des classes préparatoires), j’ai poursuivi par le cycle ingénieur de CPE Lyon, en filière Chimie-Génie des Procédés. A cette période, je n’avais pas encore une idée précise de la carrière que j’allais envisager, ni de la spécialité qui allait être la mienne.  C’est au cours de ma deuxième année d’école, après deux expériences formatrices qui ont joué un rôle de « déclencheur », que j’ai commencé à m’intéresser particulièrement à l’étude des polymères!  En saisissant les différentes opportunités offertes par CPE Lyon (comme le projet scientifique et l’année de césure), j’ai en effet réalisé deux stages au sein de laboratoires de recherche qui se sont révélés importants pour la suite : le premier (dans le cadre du projet scientifique), « Encapsulation de principes actifs à l’aide de polymères biodégradables », concernait des applications dans le domaine du biomédical ; le second, effectué lors d’une année de césure en Allemagne, chez TESA SE, « Développement d’adhésifs polyacryliques réticulés sous UV », visait des débouchés dans l’industrie automobile .

Ces expériences ont forgé mon souhait de poursuivre dans la voie de la recherche. C’est pour cette raison que j’ai choisi, durant ma dernière année de cycle ingénieur, de suivre le Master 2 Recherche « Matériaux Innovants », avec une dominante dans l’élaboration de nouveaux matériaux pour les technologies avancées, co-habilité par l’Université Claude Bernard Lyon 1, l’INSA et l’Ecole Centrale de Lyon. Mon projet de fin d’étude m’a conduit au CEA Saclay où j’ai travaillé sur la thématique de « Films polymères bactériostatiques ». Ce stage, pluridisciplinaire (chimie et biologie), impliquait la collaboration de plusieurs partenaires, CEA, INRA et deux industriels. Cette expérience fut très enrichissante tant sur le plan scientifique que personnel. Et c’est au cours de ce stage que le choix de poursuivre mon cursus par une thèse s’est progressivement imposé.

Mes objectifs ? Acquérir une expertise de premier plan qui complètera mon cursus d’ingénieur, arriver à mener à bien un projet sur trois ans, être au cœur de l’innovation et des tendances.

Ma thèse

Mon sujet de thèse vise à concevoir des biomatériaux architecturés pour la régénération tissulaire. Plus concrètement, l’objectif est de développer des structures biomimétiques favorisant la colonisation cellulaire à partir de polymères biodégradables. Pour vulgariser un peu plus, je réalise une sorte de pansement qui devra jouer le rôle d’un pont entre les bords des tissus à réparer, tout en mimant la structure et le comportement d’un tissu vivant pour accueillir les cellules et favoriser la reconstruction d’un nouveau tissu. Le tout pour spécifiquement des tissus mous, comme la peau. Pour ce faire, je vais utiliser mes polymères synthétisés pour tisser des fibres très fines et dont l’espace entre ces dernières permettra de laisser passer les cellules.

J’ai commencé mon doctorat depuis début février 2017. Ce projet pluridisciplinaire mobilise un consortium de laboratoires de recherche (deux à Grenoble et un à Montpellier). Je partage donc mon année entre ces deux villes. A Montpellier, je travaille sur l’élaboration de polymères biodégradables au sein de l’IBMM-Département Biopolymères Artificiels. A partir de ces derniers, je développe, à Grenoble, des tissus synthétiques au Laboratoire Rhéologie et Procédés. Leurs biocompatibilités, la colonisation cellulaire sur ces scaffolds et leurs dégradations sont testées à l’IBMM.

Ce sujet, proposé par le consortium de laboratoires de recherche universitaires, m’a immédiatement intéressé car il s’inscrivait dans la continuité des différents projets que j’avais conduits. Il me permettait aussi de poursuivre des travaux dans la spécialité que j’avais décidé de faire mienne, les polymères, avec des applications concrètes dans le domaine biomédical, un secteur que je trouve particulièrement porteur.

Ce projet de recherche est enfin stimulant par les nombreux défis que je dois relever : comprendre et exploiter au mieux les attentes des différents partenaires pour progresser conjointement sur le projet commun, m’ouvrir de nouveaux champs de compétences, comme les dispositifs médicaux, ou le comportement cellulaire. Ces défis sont vraiment excitants et la formation délivrée par CPE Lyon nous donne de solides cartes en main pour réussir.

Mon retour d’expérience

Une thèse (mais peut-être, plus généralement tout projet de recherche) c’est un peu comme les montagnes russes, il y a des hauts et des bas.  Parfois tout marche et parfois… rien ne fonctionne. La recherche, c’est du tâtonnement, il faut vraiment persévérer et ne jamais baisser les bras. Ensuite, l’environnement dans lequel je travaille permet d’échanger avec les ingénieurs et chercheurs pour trouver des solutions aux différents problèmes rencontrés.  Il faut s’aider des spécialités de chacun pour avancer.

Actuellement, je n’ai pas fait de choix de la suite de mon parcours. Il me reste encore deux ans pour l’imaginer ! Je sais néanmoins que j’aimerais continuer dans la recherche, mais je ne peux encore dire dans quel cadre, secteur public ou privé par exemple. Et puis, il faut laisser la place aux opportunités qui se présenteront ! Au cours de cette deuxième année de doctorat, je vais avoir l’opportunité de donner des cours et/ou de diriger des TD et la transmission de connaissances me tient particulièrement à cœur. C’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai participé, cette année, au concours « Ma thèse en 180 secondes » MT180s dont l’un des objectifs est de valoriser la vulgarisation scientifique [NDLR : Louis a reçu le 3e Prix du jury lors de la finale régionale du concours à Grenoble].

Mon conseil serait qu’il faut que son projet soit mûrement réfléchi. Une thèse, c’est un engagement sur la durée… Il s’agit de trois ans de sa vie, ce n’est pas rien ! Il faut peser les « pour » et les « contre », ne pas hésiter à discuter avec ses collègues côtoyés lors du Projet de Fin d‘Etudes, échanger avec les professeurs et encadrants de cycle de l’école pour voir si cette voie nous correspond bien.

Ensuite, tout le monde le souligne, l’un des aspects essentiels dans une thèse, c’est le directeur de thèse et les différents encadrants. Il faut qu’il y ait une vraie relation de confiance entre l’étudiant et son directeur pour que cela marche. L’idéal est bien sûr d’effectuer son Projet de Fin d’Etudes dans le laboratoire de son futur directeur de thèse. Mais cela n’est pas toujours possible … Mon expérience le prouve ! Ensuite, une fois la thèse commencée, il faut être persévérant, curieux, audacieux, ne pas avoir peur de l’échec, se remettre en cause. Des qualités qui animent les chercheurs, tout au long de leur carrière, bien après leur projet de thèse mené à bien.