Rencontre avec Jennifer Desevedavy, thésarde en microélectronique à Grenoble
Son sujet de thèse en microélectronique porte sur la partie radiofréquence (permettant la communication) d’un capteur sans fil qui est gourmandes en énergie. Elle cherche donc l’optimisation d’éléments dans la chaine de réception radiofréquence, en proposant des architectures adaptables plus intelligentes.
Mon parcours de formation
Après mon baccalauréat, j’ai décidé d’intégrer un IUT en Génie Electrique et Informatique Industrielle. Ces études techniques m’ont passionnée et le projet de fin d’année : la conception d’un sous-marin en miniature radio télécommandé… cela a été une vraie révélation !
J’ai ensuite intégré CPE Lyon en Sciences du Numérique. Lors de mon parcours ingénieur, j’ai été sélectionnée pour intégrer l’équipe R&D de BMW à Munich dans le cadre d’une année de césure. Cette expérience, en plus d’être enrichissante d’un point de vue linguistique et culturel, a confirmé mon goût pour la technique. J’y ai acquis une maturité professionnelle en découvrant les responsabilités de la gestion d’un projet. La rencontre avec des ingénieurs-chercheurs a fait naître l’envie d’orienter mes études vers la recherche motivant mon inscription en Master 2 de recherche à l’INSA de Lyon.
La combinaison de mes deux formations en dernière année : au sein de CPE Lyon, spécialisation Architectures Electronique et Microélectronique, et le Master 2 de recherche en Electronique des Systèmes Embarqués à l’INSA de Lyon, m’a permis d’avoir une formation complète sur le domaine de la microélectronique.
J’ai ensuite intégré le laboratoire de conception de circuits intégrés radiofréquence du CEA Leti à Grenoble pour mon stage de fin d’étude et j’y ai découvert une équipe dynamique, accueillante et un sujet de stage passionnant. J’ai décidé de poursuivre avec eux, pour une thèse de 3 ans.
Ma thèse
Ma thèse s’inscrit dans le contexte de l’internet des objets. A l’heure où les objets du quotidien communiquent et interagissent entre eux, notre nouveau monde connecté impose de nouvelles contraintes aux concepteurs de circuits intégrés. La durée de vie des batteries doit être de plus en plus élevée et le facteur de forme (taille des circuits) le plus faible possible pour permettre une dissémination plus facile dans l’environnement.
La partie radiofréquence (permettant la communication) d’un capteur sans fil est une des plus gourmandes en énergie. Ma thèse s’attarde donc sur l’optimisation d’éléments dans la chaine de réception radiofréquence, en proposant des architectures adaptables plus intelligentes.
En effet, la plupart des récepteurs radiofréquences sans fil sont conçus pour fonctionner peu importe l’état du canal que l’information traverse. Or, ce canal de transmission est rarement dans le « pire-cas » et beaucoup d’énergie peut donc être sauvée si le récepteur radiofréquence devient reconfigurable et intelligent.
J’ai commencé ma thèse en septembre 2015 et elle se terminera en septembre prochain.
Mon retour d’expérience
On peut voir la thèse comme la gestion d’un projet avec toutes les contraintes que cela implique. A savoir : des deadlines à respecter, un diagramme de Gantt à créer pour être sûr de ne rater aucune date importante (publications dans des conférences, des journaux ou des circuits à envoyer aux fondeurs).
Au quotidien, c’est parfois l’impression d’être seule qui pèse. Une thèse est avant tout un travail en profondeur, sur un sujet très précis, avec des questions sans réponse. Il faut commencer par s’imprégner du sujet de thèse, comprendre la problématique et ensuite faire environ 6 mois d’état de l’art (lectures sur les publications dans le domaine) pour trouver une piste de recherche qui réponde (ou pas…) à certaines questions. Après, c’est un peu l’inconnu, puisque recherche rime avec innovation, il faut alors imaginer, construire et avancer. Ce n’est pas tous les jours facile car des échecs (circuits qui ne fonctionnent pas, refus de publication…) arrivent souvent mais cela reste toujours des expériences enrichissantes.
C’est avant tout la curiosité et l’envie d’aller au bout d’un sujet qui m’ont fait choisir la voie de la recherche. Le stage m’ayant vraiment passionnée, j’aurais été frustrée de ne pas poursuivre ces travaux. Faire une thèse, c’est faire le choix de poursuite d’étude aussi, avec des obligations d’heures de formation et des comptes à rendre à une école doctorale (rapports de thèse réguliers…), il ne faut pas l’oublier.
Pour ma part, c’est l’équipe, l’ambiance et le travail de recherche qui m’ont poussée à poursuivre. Le CEA est à mi-chemin entre la recherche en industrie et fondamentale. C’est une grande chance car le laboratoire a plus de moyens financiers (peu de limite sur les circuits ou bien les déplacements à l’étranger pour les conférences) sans avoir de grosses contraintes industrielles.
Pour la suite, je souhaite rentrer dans le monde industriel, dans une équipe de R&D pourquoi pas en gestion de projet ! Je ne suis personnellement pas intéressée par les laboratoires de recherche fondamentale. L’avantage d’avoir travaillé en collaboration avec des entreprises pendant ma thèse est le carnet d’adresse et le réseau qui se font très rapidement (conférences, échanges d’idées…).
Si je peux donner un conseil, il ne faut pas se forcer à faire une thèse parce qu’un diplôme de doctorat est nécessaire ou que cela fait « beau ». La thèse, ce n’est vraiment pas de tout repos, le sujet nous trotte dans la tête jour et nuit et l’équilibre personnel est parfois compliqué à trouver. Il faut être soutenu au quotidien (et j’ai eu la chance d’épouser mon mari pendant ma 2ème année de thèse, un diplômé de CPE Lyon aussi !). (ndlr : Félicitations!)
Le sujet de thèse est aussi primordial. Il faut se projeter jusqu’à 3 ans en sachant que l’innovation va encore plus vite que nous ! Une veille quotidienne sur le sujet est indispensable. Il faut aussi aimer voyager, avoir le sens du relationnel pour aborder des « grands » lors de rencontres professionnelles et, par-dessus tout, il faut aimer travailler en autonomie, trouver soi-même sa source d’inspiration car personne ne sera derrière pour booster la motivation. Plus qu’un diplôme, le doctorat c’est une expérience unique que je referais sans hésiter !