Héloïse Besson - césure au Technion d’Haïfa, Israël :
SCIENCES DU NUMÉRIQUE
Après avoir fait les deux ans de classes préparatoires associées, j’ai intégré l’école en filière Sciences du numérique sans difficulté ni relationnelle ni scolaire, et j’ai choisi la majeure « Robotique de services et systèmes embarqués ».
Au cours de ma période de césure au « CEAR LAB » (laboratoire de robotique civile, environnementale et agricole du centre technologique israélien « Technion »), ma principale mission est de développer un robot autonome pour l’agriculture de précision. La base mécanique et électronique existe, avec quelques bugs pour agrémenter les tests et le développement, et la partie logicielle est entièrement à faire, sous ROS. ROS, « Robot Operating System », est une base logicielle de robotique fonctionnant sur le principe de l’open source : tous les utilisateurs peuvent contribuer à son développement et à sa documentation, d’où une grande base de donnée d’où il faut discerner ce qui fonctionne et correspond à nos besoins.
Je m’occupe aussi de tests et mises en service de nouveaux robots arrivés au laboratoire, et de commandes « express » que nous recevons, ce qui m’amène à utiliser la quasi-totalité des cours suivis à CPE Lyon !
Au départ, je ne pensais pas faire de césure, car j’avais hâte de finir mes études et rentrer dans la vie active. Je souhaitais intégrer l’école supérieure technologique israélienne du Technion, et réaliser ma dernière année d’école à l’étranger, dans une université partenaire, afin d’acquérir une expérience internationale scientifique. J’ai appris que les cours qui m’intéressaient étaient donnés en hébreu, j’ai donc souhaité faire un an de césure en Israël pour être à niveau concernant la langue.
Une fois mon choix bien défini et motivé, je n’ai pas eu de difficulté pour intégrer le laboratoire qui m’intéressait. Les démarches administratives ont été plus longues que pour une année de césure en France ou proposée par l’école, et j’ai eu des périodes de stress en attendant la réponse que je ne voyais pas encore arriver … mais finalement, comme lorsqu’on postule pour n’importe quel stage ou poste !
Israël est considéré comme la « start-up nation », avec une société très dynamique et possédant une croissance incroyable pour un tel petit pays, sans cesse attaqué par le terrorisme. Par ailleurs, l’école supérieure israélienne du Technion est à la pointe de la technologie, fournissant plus d’une invention utile par an, notamment développées par les étudiants eux-mêmes et fortement encouragées par le système éducatif. L’exemplarité de cette culture dynamique, où l’éducation des enfants et des jeunes reste fermement une priorité quel que soit le contexte, et qui ne se laisse pas abattre dans les difficultés, m’intéressait beaucoup.
Au laboratoire, nous pourrions parler uniquement anglais, mais je profite de mon travail avec des israéliens pour pratiquer l’hébreu. La politique internationale du Technion incite cependant les professeurs à donner leur cours en anglais, à partir du moment où un étudiant qui parle mieux anglais qu’hébreu en fait la demande. La langue n’est donc pas une barrière au quotidien, mais comme dans tout pays, c’est un plus pour rencontrer l’autre, sa culture, son histoire. Par ailleurs, Israël accueille de nombreux immigrants chaque année, et il est très facile à la fois de parler anglais ou français au quotidien, et d’apprendre l’hébreu par des cours, des programmes, ou simplement en rencontrant ses voisins.
Cette année de césure me permet de travailler sur des robots de dernières technologies (l’un des robots sur lesquels je travaille n’existe qu’en six exemplaires à travers le monde aujourd’hui), avec des responsabilités et une autonomie très appréciables. Je gère moi-même mon emploi du temps et fixe les objectifs hebdomadaires et mensuels pour les projets, qui sont a posteriori validés par mon tuteur.
Par ailleurs, les projets du laboratoire sont généralement de vrais défis technologiques qui éveillent à la recherche et à l’entrepreneuriat. Par exemple, sauriez-vous construire un robot mobile disposant de roues pouvant atteindre 30 cm de haut et pouvant passer par des ouvertures de 5 cm de haut ? Ce fut le sujet de l’une de mes premières réunions de laboratoires, en hébreu à ma demande, et les ingénieurs israéliens ne semblaient absolument pas perturbés par un tel cahier des charges !
Enfin, je participe à des conférences et séminaires donnés à Haifa, rencontrant des ingénieurs et doctorants du monde entier, ce qui me permet de me construire un réseau professionnel international et de me tenir informée des dernières découvertes et avancées technologiques. En outre, le Technion possède un grand réseau d’étudiants et anciens étudiants dans des disciplines très diverses et complémentaires, toujours prêts à conseiller dans leurs domaines d’expertise.
A l’heure où mondialisation et repli identitaire se font face, je crois qu’il est indispensable d’avoir une expérience réelle d’intégration pour travailler dans une équipe internationale, ce qui est de plus en plus le cas aujourd’hui. Cela peut se faire par l’année de césure ou l’échange universitaire en cinquième année d’études.
Il est clair qu’il sera difficile de reprendre des cours avec partiels après un an de travail autonome et responsable, pendant lequel je fixe mon emploi du temps comme mes objectifs personnels. Je crois aussi que l’année de césure permet d’intégrer le dernier semestre d’études avec davantage de maturité et d’expérience, indispensables pour se démarquer sur le marché du travail.