Rencontre avec Julie Aguesseau, thésarde en chimie pharmaceutique à Montpellier
Son sujet de thèse porte sur la conception des catalyseurs artificiels reproduisant certaines propriétés de structure et de fonction des enzymes.
Mon parcours de formation
Après l’obtention de mon bac scientifique, ne sachant pas trop vers quel métier me tourner mais souhaitant travailler dans le domaine des sciences physiques et chimiques, je me suis inscrite à la faculté des Sciences de Luminy en Licence Physique-Chimie. En deuxième année de licence, j’ai décidé de me lancer dans un parcours ingénieur et j’ai pu postuler à CPE Lyon par la voie des admissions sur titres.
La force de CPE Lyon étant de proposer des années de césure à l’étranger , j’en ai profité pour rejoindre Origenis GmbH, à Munich. J’ai pu y consolider mes bases en chimie organique et œuvrer sur l’élaboration et la purification de molécules potentiellement bioactives. Ce travail passionnant m’a conduit à réaliser mon Projet de Fin d’Etudes (PFE) chez Sanofi, à Marcy l’Etoile, et y découvrir la synthèse peptidique à visée antibiotique.
Ces stages m’ont permis d’approcher le monde de la chimie médicinale et de me découvrir un attrait pour la recherche. J’ai choisi d’orienter mon parcours vers la recherche pharmaceutique et grâce à ma formation d’ingénieur et à mes stages, j’ai pu commencer, dès octobre 2016, une thèse à l’Institut des Biomolécules Max Mousseron, dans la faculté de Pharmacie de Montpellier.
Ma thèse
Ma thèse porte sur la “Conception de catalyseurs bio-inspirés conçus autour d’une architecture gamma-peptidique auto-structurée”.
En d’autres termes, les procédés catalytiques constituent un des fondements des industries chimiques et pharmaceutiques modernes. Dans un tel contexte, les biocatalyseurs offrent une alternative intéressante aux procédés chimiques traditionnels. Les enzymes sont des catalyseurs puissants, respectueux de l’environnement et capables d’effectuer des transformations chimiques remarquablement difficiles avec une chimio-sélectivité inégalée. Cependant, en raison de problèmes de stabilité et de difficultés de production, ils ne sont qu’exceptionnellement utilisés dans la production à grande échelle. Aspirant à imiter l’efficacité enzymatique, un des objectifs actuels de la chimie vise à concevoir des catalyseurs artificiels reproduisant certaines propriétés de structure et de fonction des enzymes. Les peptides sont des candidats prometteurs pour développer de telles plateformes de catalyse bio-inspirée.
Cependant, l’activité catalytique et la sélectivité de la réaction sont souvent limitées par la difficulté à contrôler la topologie du catalyseur peptidique. C’est dans ce cadre que je m’intéresse au développement d’architectures pseudo-peptidiques, appelées foldamères, qui sont capables d’adopter en solution des états conformationnels stables et prévisibles. Potentiellement, de tels catalyseurs peuvent présenter de nombreux avantages ; faciles à synthétiser et peu couteux à produire, ils peuvent, contrairement aux enzymes dont ils s’inspirent, être utilisés dans de nombreux solvants et dans une grande gamme de température.
J’ai choisi ce sujet car il est pluridisciplinaire et il me semble pertinent d’être capable de maitriser plusieurs outils et méthodes. Ainsi, j’effectue des synthèses en solution mais aussi de la chimie peptidique sur support solide, je m’occupe de l’analyse de mes composés et j’apprends également à maitriser des outils de modélisation moléculaire par contraintes RMN.
Mon retour d’expérience
Il faut être conscient avant de commencer une thèse, notamment en chimie organique, que toutes les réactions ne marchent pas toujours… Il faut donc se préparer à affronter certains échecs, à savoir rebondir et trouver de nouvelles approches afin d’être efficaces tout au long du projet. Faire une thèse demande une grande motivation et de la rigueur. Travailler dans un laboratoire au sein d’une équipe pluridisciplinaire permet également de discuter et de s’ouvrir à de nouvelles perspectives tout au long du projet. Je dirais donc que le mot d’ordre est « adaptabilité » ! Cette thèse me permet de confirmer mon projet professionnel, m’orienter dans la recherche en chimie pour mener à bien des projets innovants qui nécessite de la prise d’initiatives, de la communication et de la persévérance.
Grâce à mon parcours universitaire et professionnel, mes compétences en chimie et biochimie se trouvent maintenant renforcées. Ainsi, je souhaiterai me tourner vers le domaine des maladies neurodégénératives et peut-être avoir la chance de découvrir des remèdes pour certaines maladies qui n’ont pas encore de traitement efficace.
Fort de mes expériences passées, lors de stages dans le privé et cette thèse dans le public, je pense qu’à terme, je souhaiterai intégrer une entreprise pharmaceutique.
Je conseille aux Cpéens qui souhaiteraient s’orienter vers la recherche de saisir les opportunités présentes au sein de l’école et de se diversifier sur les stages afin d’avoir un panel de compétences assez large pour pouvoir intégrer des thèses pluridisciplinaires. Mon parcours à CPE Lyon m’a beaucoup apporté sur le plan professionnel et personnel. L’année de césure et la variété de cours proposés sont des forces qui m’ont donné de solides bases pour la suite !