Rencontre avec Marie-Camille Thiebaut, alumni chimiste... à la carrière originale

« Au cours de mes études à CPE Lyon en chimie-génie des procédés, j’ai eu la chance de comprendre les enjeux humains du travail en industrie et d’une curiosité scientifique est alors née une curiosité sociale et économique. C’est notamment grâce aux 6 mois passés au Texas pour mon année de césure, suivis de 6 autres mois au Congo pour mon Projet de Fin d’Etudes.

J’ai ensuite décidé de continuer mes études au sein d’ emlyon et CentraleSupélec pour optimiser le versant « business ».

Après quelques échecs de parcours post études, j’ai décidé de poser à plat mes compétences professionnelles et ma personnalité. Je me suis posée cette question : qu’est ce qui me rend unique et comment puis-je l’appliquer à mon job de demain ?

C’est ainsi que j’atterris finalement au sein de Veepee, entreprise française de vente événementielle en ligne, en tant qu’Innovation Manager, au sein du département Innovation dont l’objectif est de ré-inventer le e-commerce de demain !

Ce secteur m’était inconnu mais ce poste m’épanouit vraiment tous les jours ! Je pense qu’il est important d’être honnête avec soi-même : je ne suis pas patiente et je n’aime pas les longs projets et les « réunionites » qui en découlent. Dans mon poste, je travaille en amont de ces derniers, et ainsi avec une casquette de « business analyst », je détermine les axes de développement de mon département et trouve les projets que mes équipes déploieront par la suite. Je m’ennuierais vite et je manquerais de compétences à conduire ces projets sur du plus long terme, mais pour autant j’ai une énorme énergie d’attaque, d’analyse et de persuasion. J’ai aussi et surtout une curiosité insatiable et je suis donc devenue garante de la veille techno pour le comité exécutif de Veepee.

J’adore coacher : je donne des cours d’innovation aux entreprises et partenaires et accompagne aux mieux les start-ups de nos programmes. Beaucoup de choses sont possibles quand on se connait et j’ai la chance d’être dans une entreprise qui me laisse beaucoup de liberté d’action.

C’est un poste où il n’y a pas de journée type ! Entre Station F où se situe notre accélérateur et nos bureaux à Saint Denis, je suis généralement soit sur mon téléphone à échanger avec nos partenaires start-up, accélérateurs, fonds d’investissement, soit entre deux bureaux à comprendre les problématiques de nos équipes, ou encore aux événements tech et retails pour flairer les prochaines tendances et pépites tech. Et si je ne suis pas à courir, c’est que je suis peut-être posée derrière mes fichiers Excel, afin de qualifier nos prochains investissements et définir nos axes de développement. 

Les contraintes de mon poste sont étroitement liées aux obstacles classiques de l’innovation au sein des entreprises :

• la peur de l’inconnu et la préférence au « home made » plutôt que la collaboration avec des start-up ;
• le manque de prise de hauteur et notamment le manque de notion de création de valeur chez certains collaborateurs. Beaucoup encore abordent les problématiques selon une seule grille de lecture (technique, financière, …) ;
• les écarts de vitesse entre start-up et entreprises ;
• les accès aux données (et aux bonnes !) ;
• la guerre des profils techniques et business : aujourd’hui il n’existe aucune entreprise ou les deux ne sont plus indispensables et pourtant persiste encore trop souvent une guerre d’opinions entre les deux, ce qui peut ralentir les projets.

J’ai été agréablement surprise de la force du réseau alumni de CPE Lyon et de l’entraide qui existe. Je crois n’avoir jamais trouvé un emploi en postulant seule derrière mon écran ! Si j’ai un conseil aux étudiants cpéens, ce serait de construire son réseau dès maintenant et surtout de ne pas « siloter » (cloisonner) les promotions. Que l’on soit en chimie ou en sciences du numérique, nos routes se recroisent et dans un monde hyper connecté, il est important d’être curieux de tout ! »