Rencontre avec Amélie Sobczak, thésarde en chimie médicinale à Saint Andrews (Ecosse)

Son sujet de thèse en chimie médicinale porte sur l’étude de l’interactions de certaines protéines impliquées dans la coagulation et le rôle que joue la concentration sanguine de zinc et d’acide gras dans la thrombose (coagulation pathologique à l’origine des crises cardiaques).

Mon parcours de formation

Je suis entrée à CPE Lyon sur concours après une prépa car je souhaitais me spécialiser en chimie organique. En revanche, les modules que j’ai suivis en année 3 et 4 m’ont fait réaliser que je préférais d’avantage la biochimie/biologie moléculaire. J’ai donc réalisé mon projet de recherche d’année 4 et mon année de césure dans ce domaine, afin de me permettre de découvrir les techniques qui y sont utilisées et de confirmer mon choix.

J’ai réalisé mon année de césure chez Origenis, à Munich. Cette société sous-traite le développement de molécules candidates-médicaments pour les grandes entreprises pharmaceutiques. Je me suis occupée des essais réalisés pour s’assurer de l’activité biologique de ces molécules.

Durant mon année de césure, cela m’a intéressée d’apprendre le fonctionnement des protéines et processus biologiques visés par les candidats-médicaments que nous développions. Cela s’est confirmé durant les cours de chimie bio-inorganique suivis en  année 5 et m’a poussé vers la recherche.

J’ai ensuite effectué mon année 5 à l’international, à l’Université de Cardiff, au Royaume-Uni, où j’ai suivi des modules du master « biological chemistry », puis mon Projet de Fin d’Etudes (PFE) dans les labos de l’université. Le sujet concernait le clonage et l’expression d’un gène et la caractérisation de la protéine obtenue. Cela m’a permis d’apprendre de nouvelles techniques de bases en biologie moléculaire. L’avantage d’avoir étudié à Cardiff est que l’Université est reconnue internationalement. Cela m’a donné un atout dans ma candidature à un doctorat au Royaume-Uni, tout comme le fait d’avoir déjà travaillé dans un labo de recherche universitaire.

Ma thèse

Pour mon doctorat, je voulais travailler sur un sujet reliant la chimie bio-inorganique, la biologie moléculaire et la médecine. Comme mon PFE s’est fini début juillet, il était trop tard pour que je candidate en France et je n’avais pas envie d’attendre. Durant mon année à Cardiff, j’ai découvert le site anglais findaphd.com qui liste tous les doctorats disponibles au Royaume-Uni. Il m’a permis de choisir les projets dont le thème m’intéressait, de candidater en juillet-août, et de commencer à la rentrée.

Depuis octobre 2015, je réalise donc un doctorat à l’école de médecine de l’Université de Saint Andrews, en Ecosse. Ma thèse porte sur l’étude de l’interactions de certaines protéines impliquées dans la coagulation et le rôle que joue la concentration sanguine de zinc et d’acide gras dans la thrombose (coagulation pathologique à l’origine des crises cardiaques).

Mon sujet de recherche me permet de continuer à apprendre, car la coagulation est un sujet complexe et je découvre constamment de nouvelles informations sur son fonctionnement. J’apprécie de pouvoir ajouter une pierre à l’édifice avec mon travail.

J’aime aussi beaucoup apprendre de nouvelles techniques, élaborer et tester des théories, et avoir la satisfaction de faire avancer les connaissances de notre domaine d’étude et que les résultats de mon travail seront utilisés pour développer de nouveaux traitements médicaux.

J’adore la recherche et ce qui tourne autour : le travail en labo, l’écriture d’articles scientifiques, la présentation de mon travail. De plus, durant ma thèse, j’ai eu l’occasion d’encadrer des travaux pratiques et d’enseigner et j’ai découvert que j’aimais beaucoup cela. J’ai donc l’intention de continuer ma carrière avec un poste de postdoctorant en université. Après cela, je tenterai de monter mon propre groupe de recherche et d’enseigner en parallèle en Université. J’avais l’intention de rester au Royaume-Uni maintenant que j’ai des contacts dans le pays, mais cela va désormais aussi dépendre de la façon dont le Brexit va affecter les financements de recherche universitaire.

En étant les premiers à considérer une question scientifique et à tenter une expérience, il est normal d’avoir un taux d’échec important et de devoir passer des mois à optimiser une expérience. La recherche n’est pas pour les personnes qui se laissent facilement décourager et il faut savoir persévérer et rester positif malgré les échecs. En contrepartie, obtenir des résultats après des mois d’effort est très gratifiant.

Mon retour d’expérience

Pour les étudiants souhaitant réaliser un doctorat à l’international, je leur conseillerais de faire une année Erasmus ou leur PFE dans le pays dans lequel il souhaite s’installer – 3 à 4 ans est long si on ne se plait pas dans le pays et il vaut mieux être sûr de son choix. Je pense aussi que réaliser mon année 5 à l’international a été un avantage sur mon CV, étant donné que les écoles d’ingénieurs françaises et leur qualité ne sont pas toujours connues en dehors de la France. Avoir fait mon PFE dans les labos de mon université d’accueil m’a également permis de montrer que j’avais de l’expérience dans la recherche universitaire.

Je conseillerai aussi de faire attention à la rémunération ou à la bourse mise à la disposition des doctorants pour le projet choisi. Au Royaume-Uni, il n’y a pas de montant minimum et certains financements sont plus généraux que d’autres. Les moins bons ne permettent pas de vivre sans une autre source de revenu. L’organisme finançant le doctorat est aussi important ; je suis financée par la British Heart Fundation et, au-delà de ma bourse, elle m’a aussi accordé un budget pour assister à des conférences, elle me propose de participer à des événements d’« outreach » (festivals de sciences, rencontres avec des politiciens…) et elle m’a invitée à une conférence concernant leurs mécanismes d’attribution de subventions de recherche et l’évolution de carrières des chercheurs universitaires.