[Reportage] Un cas concret d’application de la chimie analytique : le rôle et les missions des pompiers des « VDIP »
En plus de leurs missions au sein des casernes certains sapeurs-pompiers du Service Départemental et Métropolitain d’Incendie et de Secours -SDMIS *- sont chargés des interventions au sein d’un des « Véhicules de Détection d’Identification et de Prélèvement » ou VDIP.
Il en existe 5 en France, dont un basé à Lyon, 26 sapeurs-pompiers participent à sa mise en oeuvre, dont 11 sous-officiers et 15 officiers, parmi lesquels deux diplômés de CPE Lyon, le commandant Grégory Wenisch et le capitaine Cédric Pasquier (référent VDIP Sud-Est). Le véhicule intervient sur la zone Sud-Est (région AuRA) à raison d’environ 20 interventions par an.
La mission des VDIP : intervenir rapidement sur des opérations mettant oeuvre des produits chimiques, radiologiques ou biologiques, du risque ou de la menace, et identifier les substances en cause (essence, explosif, …) afin de conseiller le commandant des opérations de secours sur les mesures adéquates à mettre en oeuvre.
Pour maintenir leurs compétences, garder leurs réflexes et maîtriser les procédures, les équipes sont formées régulièrement.
Le 3 mars dernier, l’équipe du VDIP est venue se perfectionner aux risques chimiques à CPE Lyon avec Sébastien Burtin, enseignant en chimie analytique à l’école et pompier volontaire, expert au sein du SDMIS*. À leurs côtés, Alexandra De la Hoz, ingénieure chimiste CPE Lyon promo 2018, ingénieure support au SDMIS. Alexandra apporte ses compétences d’experte en interne, organise les formations et met à disposition tous les éléments (supports d’informations, matériel en état de fonctionnement, etc.) pour garantir une mise en oeuvre 7 jours sur 7.
L’objet de la séance de travail : un exercice de détection de 2 échantillons inconnus, préparés par Sébastien Burtin, 1 liquide, puis 1 solide, avec un scénario concret : prélèvements d’échantillons dans différentes pièces d’une maison perquisitionnée dans le cadre d’une menace terroriste.
Procédure, mise en situation, analyses de spectres, levée de doutes,… l’équipe suit un protocole précis pour analyser les produits.
Ils s’appuient sur les appareils présents dans le camion : par exemple, pour l’échantillon liquide, les premières analyses se font sur l’appareil de spectroscopie Infra rouge, qui permet d’identifier les familles de produits, voire la ou les molécule(s) présente(s), ou encore l’appareil de chromatographie gazeuse et spectrométrie de masse (GC-MS) qui permet de séparer les molécules en mélange et de les identifier … L’obtention d’un même résultat par plusieurs appareils de technologies différentes permet de garantir une plus grande fiabilité dans la réponse apportée.
Pour le 2e échantillon, sous forme solide (poudre, billes…), c’est l’appareil de spectroscopie Raman qui aide à caractériser la menace présente, sous forme de petites billes cachées au milieu d’une poudre fine.
Ainsi, l’équipe a pu aboutir avec succès à l’identification d’un décapant de peinture, type « white spirit », pour l’échantillon liquide (à noter que l’odeur avait été neutralisée à l’aide d’huiles essentielles), et isoler le nitrate d’ammonium, explosif potentiel dans l’échantillon solide, majoritairement composé de fécule de pomme de terre.
Lors du débriefing, il en ressort deux principales conclusions : il est crucial de veiller au caractère homogène de l’échantillonnage, en particulier pour les échantillons sous forme solide, et il faut toujours garder un oeil critique (du fait de la limitation des instruments, des humains, du temps imparti) …
Rendez-vous dans quelques mois pour une nouvelle séance de travaux pratiques au sein du VDIP lyonnais !
* SDMIS: Sapeurs-pompiers de la métropole de Lyon et du Rhône
Le Service Départemental-Métropolitain d’Incendie de Secours rassemble les sapeurs-pompiers de la métropole de Lyon et le département du Rhône. www.sdmis.fr